Berry, Chenonceau. Consultation de Juliano di Juliani.

A l’intérieur de la Roulotte, derrière la porte fermée, la conversation se poursuit.

« Qu'en pensez-vous, Gadjo ?
- Gadjo? »

Il tiqua un peu.

« Que signifie ce mot ?
- Messire...
- Ah… »

Zivapa sourit.

« Il signifie que j'ai respect. »

Zivapa hoche la tête.

« Bien, bien, bien... »

Il regarda autour de lui.

« A la base, je ne venais pas pour ça mais pour vous parler de votre arrivée a Sancerre.
- Si fait... »

Elle porte la main à son front.

« C'est oublié, Messire. »

Le Duc remarque le geste.

« J'ai pardonné aux enfants.
- Je crois qu'une chose m'échappe, là… un rapport avec ce pansement et votre arrivée ? »

Zivapa paraît surprise.

« Si fait, des enfants m'ont accueilli à jets de pierre.
- Hum… j'ignorais ce détail.
- L'une m'a blessée au front... vous ne saviez pas ?
- Du moins qu'ils vous avaient touchés. Veuillez pardonner tout cela.
- Si fait... les enfants, parfois, se laissent impressionner par les dires des plus grands.
- C'est une chose assez rare sur nos terres.
- C'est chose dont j'ai dû déjà pâtir... n'ayez crainte.... ce n'est point si rare. Mais c'était hier et... comme après-demain, demain sera déjà hier, pourquoi y penser encore ? »

Le Duc essaie de comprendre le sens logique temporel de ce qu'elle venait de dire, mais n'insista pas trop.

« Oui, tout a fait. J'avoue que votre mode de vie m'intrigue. Voyager ainsi en vivant de la... hum... gentillesse des habitants et de votre puissance de persuasion.

Zivapa penche la tête sur le côté... et le Duc la regarde, puis regarde le chat qui le regarde.

« Gentillesse...
- J'ai l'impression qu'il m'écoute.
- Persuasion...
- Les miens ne font pas ça. C'est assez exaltant comme vie, non ? Avoir de tel haut et bas.
- Si fait...
- Un jour adulée dans un village, le lendemain, accueillie... »

Il fait la moue.

« A coup de pierres. »

Zivapa lui sourit.

« C'est ainsi que j'aime à vivre : de nouvelles rencontres, de nouvelles contrées... j'ai moult amis de par les Royaumes : nobles, paysans, artisans, bandits…
- Oui, il parait que c'est sanguin.
- Sanguin...
- Un éminent spécialiste de Paris m'en parlait y'a pas plus tard que la semaine dernière. Ils disaient que ça venait des richesses de votre sang. »

Zivapa arque ses sourcils et sourit mi-figue, mi-raisin.

« et de votre mode de vie. J'avoue que, je ne fréquente pas trop votre milieu. Un peu de spiritisme évidemment.
- Il faut dire qu'à vivre entre quatre murs, vous autres gadje manquez quelque peu d'air frais. »

Le Duc se raidit et calme un peu son verbiage.

« Oui, assurément. »

Zivapa lève une main doucement.

« Je vous ais vexé apparemment ?
- Gadjo ?
- Ce n'était pas mon attention.
- Nenni. »

Elle rit gentiment.

« Gadjo... »

Le Duc lui fait un petit sourire.

« Il parait. Oui ?
- Gadjo, j'ai un grand avantage sur toi... Je suis fille de Gadjo et fille de Romi, bâtarde chez les uns, bâtarde chez les autres... tes mots ne pourront jamais m'atteindre, comme cette pierre n'est déjà plus qu'un oubli. J'ai vécu dans ton monde, dans les ors et les soieries et un jour, les vents m'ont appelé et j'ai découvert mon don. Je ne veux point te convaincre... »

Elle sourit. Le duc écoute en essayant de comprendre ce qu'elle racontait, il trouvait ça formidablement exotique.

« Si, si. Continuez.
- Mais pour rien au monde je ne retournerai nu khera, chez les gadje. J'y étoufferai plus sûrement qu'entre les mains d'un bourreau. Je ne prédis pas l'avenir, iceux qui le disent se trompent. J'éclaire les chemins... parfois... Et Je suis heureuse que tu sois entrée chez moi, dans mon monde, ici et maintenant. Tu peux voir que rien de dangereux ne t'ai arrivé... »

Zivapa sourit malicieusement. A ces derniers mots, le duc se rappela où il était, sur un coussin mou, dans une roulotte qui sentait bizarrement et où un chat le fixait.

« Oui, en effet. Mais qui pourrait vouloir du mal à un vieillard tel que moi ? »

Zivapa éclata de rire.

« Tu te gausses, gadjo ? Je suis persuadée que tu comptes bien plus d'ennemis que moi... Mais je n'en fais point partie.
- On est en Berry ici. Je n'y ai point d'ennemis. Ma remarque était donc sérieuse.
- Si c'est question sérieuse que vous voudriez poser aux Tarots, ils ne peuvent y répondre... Ils ne connaissent point les noms...
- Heu, en fait de question, non, je n'en avais pas trop. Ca marche comment en fait ? Il faut penser a quoi ? Ca titille ma curiosité, je vous l'avoue.
- Il vous faut poser une question sur votre chemin de vie, ou de coeur ou d'ambition et m'accorder une heure de votre temps ici même. Je vous ferai choisir les cartes et vous les lirez...
- Chemin ? Qu'entendez-vous par ça ?
- La vie est un chemin du jour de la naissance à celui de la mort.
- Chemin de la vie… bien… Pourquoi pas après tout. Faut donc que je pense à quelque chose d'important à mes yeux et ensuite vous me tirez les cartes. Je vous le dis ?
- Oui, il vous faut poser question et vous vous concentrerez quand je vous le dirai. »

Le Duc se retient de rire.

« Oui, oui. »

Zivapa sort les Tarots du coffret en bois de rose posé sur la table. Le Duc se demande bien ce qu'il va demander. Il lui vient tout d'abord à l'esprit des questions d'ordre général. Est-ce que le dauphin règnerait ? Est-ce que la Bretagne ne serait plus un problème ? Est-ce que la pairie se réveillerait un jour, ou bien est ce que les Anglais n'étaient pas en train de préparer un mauvais coup mais il avait aussi en tête des questions plus personnels... Smart, sa fille retrouvée, son fils, le Berry. Toutes ses choses qui lui tenaient à cœur. Zivapa caresse ses Tarots négligemment tout en le regardant bien droitement, comme elle est accoutumée à le faire...

« Hum… J'ai ma question en tête. Je vous la pose ?
- Je vous écoute...
- Hum... »

Le chat Nimbus, aux côtés de sa maîtresse, le regarde également droitement...

« Il est bizarre, votre chat, vraiment.
- Nenni... c'est que je lui parle toujours... il aime écouter les gens, c'est tout. C'est un chat, Messire, rien qu'un chat...
- Hum… Oui, oui, assurément. »

Il détourna la tête du regard du chat, se décochant péniblement et regarda le jeu de cartes.

« Hum… Bon… la question est donc, quel avenir sentimental les cartes me réservent-elles ? »

Le duc se dit qu’après tout, si Smart l'avait lâché là, c'était pas pour rien...

« Bien... »

Il la regarda.

« La question est plutôt banale pour vous, je suis sûr ?
- Rien n'est jamais banal... c'est juste qu'elle est plus courante, voyez-vous... »

Elle sourit malicieuse tout en mélangeant les cartes et en se concentrant sur la question.

« D'abord vous allez couper le jeu, Messire... »

Naturellement, comme pour chaque lecture, le voussoiement est revenu sur ses lèvres...

« Celle-ci »

dit-il en coupant le jeu. Zivapa reprend le jeu coupé et étale les cartes entre eux deux, face cachée sur le dessus.

« Ores vous allez vous concentrer, Messire, sur celui que vous êtes, ici et maintenant, au regard de votre question et choisir une carte. »

Zivapa ne sourit plus... elle n'est plus que concentration...

« Celle-ci. »

Il désigna la même place qu'avant. Zivapa prend la carte et la pose à part des autres.

« Ores songez à tous les obstacles passés et présents de votre chemin de coeur et montrez-moi une carte... »

Le Duc la regarde faire, intrigué. Il se dit que la liste est longue pour penser à tous.

« Hum… celle-ci. »

Zivapa prend la carte et la pose à côté de la première, un peu décalée vers la droite.

« Pour celle-là, songez à vos souhaits et désirs, à vos attentes et montrez-moi une carte. »

« Hum… »

Il tend la main, puis se ravise prend celle d'à coté. Zivapa pose cette carte au-dessus des deux autres.

« Et pour celle-ci, contentez-vous juste d'en montrer une sans songer à rien...
- Sans songer à rien ? Comment cela est-il possible ?
- Fermez les yeux... »

Il se met à essayer de penser à rien, mais pense qu'il doit avoir l'air bien stupide, d'être dans une roulotte de gitane en train de fermer les yeux à penser à rien.

« Pensez juste aux nuages qui filent dans le ciel... et posez votre doigt sur une carte. »

Le dit se dit pour lui-même : « les nuages, tiens... j'espère qu'il va pas pleuvoir avant demain que les invités aient beau temps jusqu'a la fin. Mouais… ça marche pas trop, tend la main et essaie de prendre une carte au hasard. Zivapa pose cette dernière au-dessous des trois autres et le tout forme une croix.

« Voilà comment je procède : je vais lire chacune des cartes et parfois les associer entre elles. A la parfin je calculerai votre arcane caché. Bien sûr vous pouvez poser question et m'interrompre quand vous le désirez... Prêt ? »

Le Duc se penche en avant et écoute.

« Je vous en prie. »

Zivapa retourne la première carte, l'annonce et se concentre avant d'en donner lecture.

« Qu'est-ce donc ?
- C'est le 14e arcane, Tempérance



« Avec le quatorzième arcane, nous sommes en présence d'une jeune femme blonde portant une longue robe. Cette dernière verse d'une manière continue de l'eau d'une urne dans une autre sans que jamais se perde une goutte. Il s'agit de la grande loi éternelle de la circulation de la vie. C'est l'unification des aptitudes et des forces, complétée par la maîtrise de soi-même, la patience, la surveillance. »

« Tempérance. C'est une bonne carte. »

Il sourit.

« Placé à senestre, cet arcane va me parler de vous, ici et maintenant. Si ce que je vais vous lire ne vous correspond pas il faudra me le dire car ce sera que mes Tarots ne parlent pas... Voulez-vous ?
- Pas de soucis. Comptez sur moi, mais pour le moment, Tempérance me parle bien. Il paraît que c'est une de mes plus grandes qualités.
- Tempérance vous place sous le symbole de la recherche d'équilibre. Elle me dit que vous entrez sur une nouvelle période de votre vie, un nouveau tournant sur votre chemin de cœur. Une nouvelle histoire... Vous êtes à l'aise en société... »

Le duc rit.

« Il semble que ces jours soient plus tranquilles, que vous vous sentiez apaisé. Tempérance vous place également sous le signe du voyage... Vous êtes accompagné, au fait, sur votre chemin de coeur ?
- Heu… oui… par la demoiselle que vous venez de voir il y a peu.
- Ah... est-ce bien là une nouvelle histoire ?
- Heu… tout est relatif mais c'est assez récent en effet. »

Zivapa acquiesce.

« Le premier arcane n'est jamais très bavard, il est là juste pour amorcer la lecture. Souhaitez-vous continuer ?
- Oui, bien sûr. C'est fortement amusant. »

Zivapa penche la tête sur le côté, fronce légèrement ses fins sourcils mais ne dit moi, habituée à ce genre de réaction... Elle retourne la seconde lame, l'annonce et se concentre.

« C'est le 11e arcane, la Force. »



« La onzième lame du tarot représente une femme tenant ouverte des deux mains, la gueule d'un lion. Elle incarne l'humanité triomphant de la bestialité et de la matière inerte, l'intelligence l'emportant sur la stupidité. »

« Placé à dextre, cet arcane nous parle des obstacles sur ce chemin... En positif, la Force est un excellent arcane, et retourné il la même puissance... Les obstacles que vous aurez à affronter seront dus à l'entêtement, l'impatience, l'impulsivité et la colère... Deux fortes personnalités... Votre relation sera secouée par l'orage, le remue-ménage de deux personnes qui n'apprécient pas de ne pas tout maîtriser... Vous n'aimez point que l'on décide pour vous... Mais cette Force me dit que c'est aussi le cas de votre aimée... La Force vous conseille de développer votre patience, Messire...»

Le duc lève un sourcil.

« Vous avez déjà parlé avec elle ? C'est un coup monté, n'est ce pas ? »

Zivapa relève la tête...

« Un coup monté ?
- C'est trop gros, là.
- Eh bien, alors, partez ... »

Zivapa fronce ses sourcils, offensée.

« Non, non, continuez. C'est terriblement... passionnant. »

Zivapa se radoucit.

« Pardonnez... je suis moi-même un peu vive... parfois... »

Le duc sourit.

« Je vois ça, mais c'est propre à votre race, non ? »

Zivapa plisse les yeux...

« Encore faudrait-il savoir de quelle race, Messire, la vôtre ou celle des Roms ? Donc Tempérance vous conseille la patience et ... l'endurance...
- Et l'endurance? Houlà…
- L'endurance ? Si vous voulez la garder... sachez lâcher prise et préférez tenir que courir...
- Je ne suis pas du genre à courir de toutes façons.
- Bien... alors voilà ce que je puis vous dire : votre relation sera agitée et tumultueuse... Ce seront là les principaux obstacles dont vous devrez vous garder... Il y en a de pires... Voyons la suivante... »

Zivapa retourne la lame, l'annonce et se concentre.

« C'est le 9e arcane, l'Hermite. »



« Neuvième lame du tarot, un homme d'âge respectable est dans l'obscurité. Tenant de la main gauche un bâton qui lui sert de canne et élevant de la main droite une lanterne éclairée, l'Hermite est synonyme de recueillement, d'illumination intérieure. En un mot, cette carte signifie la recherche de soi. Par son attitude humble, il fait penser à une personne tranquille, retirée, absorbée par sa réflexion et sa méditation. La lanterne de l'Hermite vous montre ce que vous savez ou ce qui c'est déjà passé. »

Le Duc regarde avec attention.

« Placé en haut, cet arcane nous parle de vos atouts au regard de votre question. L'Hermite représente un homme âgé, un homme d'expérience et de savoir... Et c'est ce qui fait votre charme auprès d'elle... Ce qui la séduit, c'est cela : le capital de votre vie, de vos expériences...
- Hum…
- La capacité que vous aurez à l'aider...
- Oui.
- Les conseils que vous pourrez lui apporter... Je ne doute point qu'il y ait autre chose... Mais sur votre chemin de coeur, c'est cela que vous soufflent les Tarots... Ce sont vos atouts. Une relation faite de contrastes... si fait... Voyons la suivante...
- Oui. »

Le Duc bouge un peu sur ses cousins. Zivapa retourne la carte, l'annonce et se concentre.

« C'est le 4e arcane, l'Empereur. »



« Quatrième lame du tarot, l'Empereur est l'arcane de la masculinité par excellence. Il est représenté couronné, majestueusement assis sur un trône. »

Le Duc regarde le chat.

« L'Empereur est symbole de masculinité et de travail... Placé en bas il parle du devenir de votre chemin. Ce devenir est placé sous le signe du travail, des affaires, des responsabilités... »

Le Duc regarde le jeu puis le chat puis le jeu puis le chat et reste enfin sur le jeu.

« L'empereur domine, il est responsable... Lié à l'Hermite, l'Empereur indique un conflit entre intérieur et extérieur, entre ce que l'on désire et ce que l'on doit faire... Au regard de votre question, Messire, concernant votre chemin de coeur, il est possible que vous soyez confronté à ce genre de conflit... les élans du coeur contre les responsabilités de votre situation dans votre monde. »

Zivapa lève les yeux vers lui. Le Duc hoche la tête.

« Oui, c'est souvent le cas mais c'est inhérent à ma charge.
- Tss... tss...
- C'est un choix que j'ai fait. Lorsque l'on accepte de gouverner la France, on sait à quoi s'attendre.
- Ah... Si c'est un choix alors... Vous ne devez point être surpris...
- Non.
- Entre passion et raison, il faut bien souvent choisir en effet...
- C'est même terriblement plat. »

Le Duc est un peu déçu.

« Heureusement, nous autres de notre race, nous choisissons toujours la passion... »

Zivapa a un fin sourire narquois. Le Duc espérait plus de mysticisme, de cris bizarres, de fumée d'opium, de chat qui se mette a parler... mais non. Il lui rend son sourire.

« Le tirage est influencé par votre main : c'est vous qui choisissez les cartes...
- Oui, tout a fait.
- Si vous le trouvez plat...
- En même temps, c'est que ma vie doit l'être alors, non ?
- C'est vous qui le dites, Messire... Mais la force en négatif me donne à penser qu'elle ne doit point tant l'être... Je vais calculer votre arcane caché. »

Zivapa se concentre et calcule.

« 14 + 11 + 9 +4 qui font... 38 ... et 38 qui font 11. Revoilà le 11e arcane, la Force. »



« La onzième lame du tarot représente une femme tenant ouverte des deux mains, la gueule d'un lion. Elle incarne l'humanité triomphant de la bestialité et de la matière inerte, l'intelligence l'emportant sur la stupidité. »

Le Duc écoute.

« Telle elle était puissante en mauvais, telle est puissante en bon...
- Que des cartes fortes, non ? Lion, Empereur, Hermite. Heu… y a deux fois la même carte ?
- Nenni, Tempérance et l'Hermite sont neutres. Mais l'Empereur et la Force sont positifs...
- C'est possible, ça ?
- L'arcane caché est issu de l'addition de tous les nombres de chaque carte choisie. Il aide à conclure et met un point final à la lecture... Il vous sauve à mes yeux et vous-même de la platitude... C'est symbole de passion... L'emportera-t-elle sur la raison ?
- Hum… Donc le tirage pour tout résumer dit quoi ?
- A la franche marguerite... Votre relation est passionnée et tumultueuse... vous rivalisez tout deux en caractère et volonté... Nul doute que vous partagiez un lien très fort... Mais... Nul symbole de mariage... Nul symbole d'espoir... Juste la charge des responsabilités et le sens du devoir à la parfin. En résumé, voici ce que je lis. Maintenant... vous seule pouvez faire de ce tirage la vraie lecture car vous seul pouvez la transposer dans votre vie... Et ceci n'est que lecture, non point actes : vous restez maître de vos choix. Voilà, gadjo... et je vois bien que vous êtes déçu... comme beaucoup vous vous attendiez peut-être à quelque sorcellerie... ou je ne sais quelle billevesée... ?
- Je dois bien le reconnaître. J'ai tellement entendu de rumeurs sur les gens comme vous. »

Zivapa hoche la tête.

« Si fait, je le cuide...
- Que je m'en demande aujourd'hui… si, en fait, il n'y a point trop de charlatans dans ce milieu.
- Comme partout, Messire. »

Zivapa sourit.

« Qui justement rajoutent un peu d'effets afin d'impressionner les plus crédibles.
- Mmm... La boule de cristal...
- Mais je ne sais pas encore dans quelle catégorie vous ranger.
- On ne me range point, Messire... »

Zivapa Zivapa ne peut retenir un rire.

« Dans les charlatans intelligents, qui comprennent qu'on ne me duperait pas, ou dans ceux qui croit sérieusement en leur don. Dans tout les cas, je vous remercie, beaucoup, pour le tirage. La séance était de 10 écus il me semble ?
- Je vous ai servi comme je sers tous les chalands qui font appel à moi. Ici vous n'êtes point Duc. Vous le serez en ressortant.
- Je vous paierai le double. Appel a vous, c'est un bien grand mot.
- Vous ai-je contraint, Messire ? »

Elle sourit malicieusement.

« Ma demoiselle m’a piégé via ma curiosité. »

Le Duc rit.

« Non, nullement. Je me suis laissé convaincre seul. »

Zivapa rit de même.

« Alors voilà qu est bel et bon... Sachez que quand mes Tarots refusent de parler, je rembourse le prix. Je vais vous laisser retourner à vos invités, Messire, il s vous attendent...
- Oui. »

Le Duc se lève doucement et Zivapa l'accompagne.

« Votre chat n'a cessé de m'observer de la soirée tout de même. Il est bizarre. Je le sais. Je le sens.
- Nenni, il ne l'est point...
- Les miens ne sont point ainsi.
- Vous imaginez, Messire... C'est qu'il est à l'image de sa maîtresse, Messire... différent...
- Hum… »

Zivapa laisse son ironie transpercer dans son sourire.

« Ca doit être ça.
- Question de race, sans doute... »

Arrivé devant la porte le vieux duc commença à sortir. Il sentit toute l'ironie de la dernière remarque et se retourna.

« Damoiselle Zivapa, que nous soyons de race et de monde différent, cela ne fait point de doute à mes yeux mais permettez moi tout de même de vous souhaiter la bonne nuit. »

Il lui prit la main et déposa un baiser dessus, comme il faisait aux duchesses puis il partit sans lui laisser le temps de répondre.

« Bakht tu ke, Gadjo, que la Chance t'accompagne »

dit-elle en le regardant s'éloigner