Zivapa accompagne Styletto dans la roulotte et l’invite à s’asseoir.
*Styletto s'assied. Il à l'air moins assuré du coup...*
Zivapa s'en amuse un peu… C'est bien la première fois qu'on me consulte pour "réparer" une bévue mais cela me sourit. Elle mélange les cartes.
« C'est comme ça que je conçois mon rôle de maire et d'adjudant, puisque je cumule pour l'instant. »
Zivapa lui sourit. D’instinct, le tutoiement refait surface, car elle sait gré à cet homme d’avoir réparer l’affront.
« Tu sais, je ne suis pas devineresse, ni sorcière, ni magicienne, j'éclaire juste le chemin grâce à mes tarots.
- Il parait que tous les grands de ce monde s'adjoignent des devins... César, déjà.
- C'est certes vrai. Voilà quatre générations que nous foulons le sol du royaume de France, et les Grands sont attirés par nous comme des aimants... d'autres nous chassent...
- Gouverner c'est prévoir...
- C'est amusant, car mon peuple de prévoit jamais rien. Nous ne vivons que dans l'instant présent... Tu es un homme aux mots justes et prudents.
- Quel chemin veux-tu éclairer de ta vie, bourgmestre ?
- Quel chemin devrais-je désirer... J'ai déjà beaucoup en ce monde... et je n'ai pas tant d'ambition... »
Zivapa étale les cartes en arc de cercle.
« Ce qui me préoccupe, c'est la guerre qui sonne à nos portes. Je suis malheureux de voir la folie de quelques uns... Je ne vais pas te demander si elle aura lieu ou pas... Mais si je peux avoir l'espoir de revoir mes amis vivants... »
Zivapa réfléchit. « Il faudrait transformer cela en question. » Zivapa se concentre.
« La guerre transformera-t-elle mon chemin de vie ? Cela te convient-il ?
- Oui, on peut le formuler comme cela.
- Alors cela est dit. C'est ton tour de te concentrer. Il te faut maintenant entrer en toi-même. La carte que tu choisiras me parleras de toi, de ton présent. »
Styletto montre une carte. Zivapa pose la carte sur la table, entre eux deux, un peu décalée sur la gauche, face cachée.
*Styletto a pris son menton entre les mains et regarde avec attention les doigts de la bohémienne...*
« Maintenant tu vas penser à tout ce qui pourrait enlaidir ce chemin à cause de la guerre et me montrer une carte. » Styletto en montre une. Zivapa pose celle-ci décalée sur la droite, face cachée. « Maintenant, concentre-toi sur tout ce qui peut contrer cette noirceur, ces horreurs et qui pourrait faire en sorte que ton chemin s'éclaire à nouveau et choisis une carte ». Styletto choisit en silence. Zivapa pose celle-ci au-dessus des deux autres, face cachée. « Maintenant ne pense plus à rien et montre m'en une dernière. » Styletto s’exécute.
*Dans la lumière vacillante des bougies, le foulard qui ceint les cheveux de la bohémienne reflète de bien curieuses ombres. Styletto pense à un visage aimé et il sourit. Il regarde les yeux de la bohémienne. Ce qu'il y lit le rassure également.*
Zivapa se concentre, accroche son regard mais ces moments-là, elle ne voit plus rien, n'entend plus rien et cherche à donner une lecture la plus juste possible. Elle retourne la première carte.
*Le sourire de Styletto se crispe*
« C'est le 10e arcane. La Roue de la Fortune.
- Et cela signifie... »
« Le dixième arcane nous montre une roue accompagnée de quatre visages de femme : une blonde, une brune, une rousse, une châtain. On devine parmi ces têtes accrochées autour de la roue, un mouvement rotatif, dans lequel tous événements, expériences, occasions et possibilités futures s'élèvent et retombent, sous la forme de dualités, comme la naissance et la mort, le bien et le mal, l'abondance et la pauvreté, l'espérance et le désespoir.
Cette lame n'est ni positive ni mauvaise en soi...
- Ah...
- Placée à senestre, elle me parle de vous. Elle dit que vous savez prendre des décisions, saisir les opportunités... Vous n'hésitez pas à agir... Vous semblez plutôt prendre la vie comme elle vient… C'est votre état d'esprit au regard de votre question. Quoiqu'il arrive, je pense que vous êtes homme à suivre vos engagements jusqu'au bout.
*Styletto sourit à nouveau*
« Compte tenu de mes fonctions, c'est un peu nécessaire », *dit-il timidement*
Zivapa sursaute.
« Vos fonctions ? Ah oui... désolée, j'ai toujours du mal avec vos fonctions, à vous autres gadgés.
- Et bien adjudant... et puis maire... Est-ce l'homme qui fait la ... fonction ou est-ce l'inverse... peu importe, j'aime m'investir et je respecte profondément mes engagements. »
Zivapa hoche la tête.
« C'est honorable. Je voulais dire, par exemple, qu'il me semble que si vous aviez été convaincu du bien fondé de cette guerre, si guerre il y a, vous seriez parti...
- Mais en ce qui concerne la guerre... je ne crois pas qu'il y ait quelque guerre que ce soit qui se justifie. », dit-il d'un ton plus dur.
Zivapa lui sourit.
« Surtout pour une terre qu'aucun homme ne peut se prévaloir de posséder et des frontières de papier... Mais je dois me concentrer… »
Zivapa replonge dans sa concentration.
« La deuxième lame. »
*Styletto fronce les sourcils.*
Zivapa retourne la carte. « Le premier arcane, le Bateleur... »
« Cette lame représente la cause première. A la fois jongleur, escamoteur, le magicien est le créateur d'un monde illusoire par ses gestes et par sa parole, qui ouvre le jeu des 22 lames. Il semble jongler ainsi avec l'esprit et la matière.
Le bateleur jongle. Il se joue de tout, tout n'est qu'illusion : on semble avancer, mais en fait on reste immobile
- En effet ça résume bien la situation.
- Concernant les mauvais aspects de votre question, il semble que cette carte signifie l'immobilisme... Le manque d'initiative... Cela voudrait-il dire que la guerre n'aura pas lieu, que le conflit s'enlisera dans les débats stériles ?
- Ou que moi-même je ne fais rien pour l'en empêcher malgré l'envie qui m'en démange. On peut prendre votre réponse à deux niveaux... mais dans les deux cas c'est juste.
- C'est vrai... Je n'y avais pas pensé... votre lecture est juste. Ou bien que l'hésitation, la non-décision d'une des parties provoquera des morts... Je vous nommerai l'Homme aux mots justes...
- S'ils étaient justes, je saurais empêcher cette guerre, hélas...»
Elle lui sourit.
« Cette guerre m'effraie assez, elle trouble ma lecture, je passe à côté de l'essentiel.
Zivapa fronce les sourcils.
« Je crains que cela ne soit le pouvoir d'un seul homme... surtout si ses mots sont justes car ceux qui aiment la guerre sont fols. Voyons la troisième lame, qui nous parle de tout ce qui est bénéfique. Le 4e arcane... L'Empereur.
- Tiens ! »
« l'Empereur est l'arcane de la masculinité par excellence. Associé par correspondance analogique au signe du Bélier, il est représenté couronné, majestueusement assis sur un trône…
C'est le symbole de l'autorité, du pouvoir ... De tout ce que vous les gadgé appelez lois, légalité...
Placé en tête, comme l'est cet arcane, il symbolise la protection. Les chances d'amélioration viendront du pouvoir en place.
- J'en accepte l'augure... C'est sans doute un bon signe...
- Pourtant elle est en opposition avec la deuxième. L'empereur, c'est l'action... Le bateleur, l'immobilisme...
- Pas nécessairement, si l'on examine les différents acteurs de ce conflit.
- Je ne les connais point. »
Zivapa rougit.
« Je dois dire que je n'y comprends mie.
- En cette matière, l'empereur, au premier degré, est effectivement un acteur clé et une grande inconnue.
- C'est un chef de clan... ? Ataman, nous disons, un grand chef ?
- Oui, c'est cela. Les forces qui veulent la guerre sont des éléments dispersés, attirés par le plaisir du jeu de la guerre. L'empereur du Saint Empire où nous sommes a des préoccupations plus grandes... et il a la clé du conflit. S'il ne cautionne pas un camp, il n'y aura pas de guerre.
Et s'il cautionne, ils se déchirent.
Zivapa sourit.
« Les cartes parlent... Voyons la dernière, elle me permet de tout relier.
Zivapa retourne la carte.
« N'ayez pas peur !
- Je n'ai pas peur, Dame Zivapa.
- Cette carte ne signifie pas nécessairement ce qu'elle représente. C'est le 13e arcane.
- C'est la mort ?
- La carte sans nom, la mort.
La Mort, treizième arcane, est évoquée par un squelette debout sur un champ sombre. Il tient une faux avec laquelle il coupe des pieds, des mains et des têtes. L'aspect macabre de cette lame n'est pas du tout maléfique.
C'est plus souvent le signe d'un renouveau positif, vous savez. Il faut y lire de grands changements... »
*Le regard de Styletto s'est assombri...*
« Pourtant...
- Liée aux autres, et placée en bas, elle parle de longs changements, qui verront un aboutissement bénéfique mais qui nécessite des changements, oui, qu'il faudra accepter.
- Il n'est de changement plus radical que la mort... Et vous parlez d'aboutissement bénéfique. Mmm… J'aimerais vous croire.
- Des changements radicaux... Seules les mauvaises drabarnis s'arrêtent au nom des cartes. Il faut lier le tout. Voilà ma lecture : face à la guerre, votre position est celle d'un homme posé, qui attend pour agir d'avoir peser le pour et le contre. Vous êtes au coeur de cette lecture puisque vous avez tiré les lames. Les discussions stériles, les jeux de manche, les singeries de certains vous paraissent négatives (le Bateleur) et il semble que seule l'autorité puisse résoudre ce conflit, une autorité forte, puissante (l'Empereur). Son action amènera à vos contrées des changements radicaux.. Voilà ma lecture.
*Styletto dit sur un ton doux et posé*
« Il est des présages surprenants. Votre lecture est des plus subtiles, Dame Zivapa. »
Il sourit. « Et je vous remercie pour ce travail qui, s'il ne m'apporte pas toute les réponses, mais ce n'est pas ce que j'attendais, me permet d'entrevoir bien des futurs...
- C'est vous qui avez choisi les cartes... Il y a de vous, il y a du hasard, il y a la parole des lames et il y a ma lecture : un édifice délicat et fragile. Le temps vous dira si mes Tarots se sont trompés.
- Oui, le temps est le juge suprême...
*Styletto secoue la tête*
« ... mais je vous ennuie et prends votre temps avec ma philosophie à deux sous. Je vous remercie une nouvelle fois pour ceci. Je me retire le coeur un peu plus léger d'avoir échangé sur ce sujet délicat avec vous. Une autre vue, c'était très intéressant. Je vous souhaite la bonne nuit. Prenez soin de vous.
- Merci, Messire, vous de même. »
Zivapa sourit. « Au plaisir de vous croiser avant mon départ.
- Certainement, je n'y manquerais pas. Et ne vous inquiétez pas pour la gendarmerie... Je pense que tout cela est arrangé. Bonne fin de soirée, Dame Zivapa.
*Styletto sourit, salue d'un geste de la tête courtois et quitte la roulotte*