L'antre-temps de Phila

Admin Nombre de messages : 7 Date d'inscription : 14/12/2006

Des gadjo dilo,
Des chats noirs et des chats blancs,
Des bouffons barjots,
Des soiffards et des forbans,

Voilà tout ce qui peut chamarrer l’antre de la fantaisiste Gitana ; l’ameublement est sommaire car elle n’est pas de ceux qui se meublent mais de ceux qui se meuvent sans cesse.

Passé la porte, il vous faudra entrebâiller la lourde tenture vermillon qui isole davantage la Bohémienne des regards inquisiteurs et des oreilles indiscrètes. Ce velours rouge dissimule également une scène depuis laquelle Phila vous transportera de son art brut, le flamenco, sur les terres brûlées par le soleil cuisant…

Au sein de sa verdine, évoluant davantage au sol que de façon aérienne, la Bohémienne a amoncelé d’épais coussins chamarrés.

C'est un toit bariolé
Adossé à la colline
On y vient à pied
On ne frappe pas
Ceux qui vivent là ont jeté la clé…

Possible que vous y croisiez, Metran, le bouffon barjot qui y crèche parfois, tel l’enfant Jésus.
Ne vous y trompez pas, le bastringue sur lequel votre œil se posera forcément, là tout au fond de la roulotte, c’est le bric-à-brac du joyeux drille…Seule la malle de charme enferme des fanfreluches gitanesques…

N’y pensez même pas, sans invitation, vous ne pourrez pénétrer l’alcôve à sinestre…

Nombre de messages : 3 Age : 73 Date d'inscription : 16/12/2006

Waaaaaaahhhhhaaaa, ...

Si on ne connaissait pas le phénomène on aurait pu croire au cri d'un cormoran le soir au dessus des joncs ou a celui d'un hippopotame pétant des flammes. Mais, cela venant du bric a broc du fond de la roulotte, la Gitane de sang pur ou de pur sang ne s'y trompa pas une seconde, ... c'était bien le bâillement traditionnel du Bouffon Barjot s'éveillant, un peu tôt, de son hibernation, suivraient probablement quelques braillement auxquelles la Gitane répondrait probablement par quelques baffements et autres douceurs de ce genre !

Apres un dur retour a la réalité, une question lui vint a l'esprit et il l'envoya a la volée :

Euh, Stroumphette, on est arrivés ?

Nombre de messages : 4 Age : 48 Date d'inscription : 22/12/2006

Ainsi nous y voilà…

S’approchant de la roulotte…
Le palpitant pressé… le souffle haletant…
Ne rien laisser paraître… Rester maître…

Holà ! De la roulotte !
Gitana !... Phila !
Etes vous là ? Aurais-je fais ce voyage pour rien ?

Nombre de messages : 3 Age : 73 Date d'inscription : 16/12/2006

Une voix grave sortant des tréfonds de la roulotte rassura le voyageur imprudent :

Non, non, je ne suis pas la, je mets ma culotte, ...

Puis beaucoup plus bas, presque imperceptiblement :

Promenons-nous dans le bois, tant que Phila n'y est pas, ... si Phila y était elle nous mangerait !

Nombre de messages : 4 Age : 48 Date d'inscription : 22/12/2006

Dégainant son épée, furibard, prêt à occire le coquin

Qui se rit ? Montrez-vous ! Osez parler sans fiance !
Où se cache la gitanilla ?
Parlez donc !

Admin Nombre de messages : 7 Date d'inscription : 14/12/2006

Le château de Poitiers et son étiquette assujettissante, tous ces codes à respecter à la lettre et ces nobles à ménager comme s’ils étaient maîtres, la Gitana avait eu grand besoin de retourner gratter la terre en compagnie de tous ces moricauds au sang chaud, jamais dépossédés de leur sang-froid.

Une nouvelle fois, le diable avait pu pénétrer les entrailles du joyeux drille tant Metran baillait à s’en déboîter la mâchoire. Il débutait donc chaque journée le diable rivé au corps et faisait déjà, à l’aube, un joyeux vacarme qui mettait Phila dans les meilleures dispositions pour envoyer valser tout ce qu’elle avait à porter de main…Ainsi, la poussière se maintenait constamment en suspension dans l’air sans jamais avoir le temps de coloniser son mobilier rudimentaire.

Ce matin-là, la Bohémienne retrouva Metran agrippé, sans doute accidentellement, à la tenture aux lueurs cramoisies, en train de réciter à voix basse une comptine champêtre. Etrangement, l’écho qui leur revint aux oreilles n’eut pas cette même polissonnerie toute candide du bouffon. Il se faisait menaçant et grave, comme empreint de colère, et résonna profondément en la gitane, en consumant le peu de bonne humeur qui lui restait. Empoignant la courtine, elle se mit à la ballotter énergiquement de sorte que le petit diable valdinguât cul par-dessus col à travers la roulotte.

-Tu es possédé par le diable…Tes doigts griffus vont lacérer la tenture…Descends d’ici au plus vite et trouve à ce qu’on te mette sur la poitrine un crucifix ou la relique d’un saint…Vite…VITE !

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